Le triangle d'or
- clmoreux
- 26 oct. 2016
- 5 min de lecture
Le triangle d’or, c’est le nom qu’on va donner à la sainte trinité du Nord de l’Inde. Un triangle qui regroupe trois villes : Delhi, Agra et Jaipur. Situées dans trois Etats différents, elles n’en restent pas moins relativement accessibles pour les touristes, qui pourront faire leur tour un peu ringard et clairement pas original.
Mais on s’en fout : après tout, on est en shorts baskets, lunettes de soleil et crème solaire. Donc des touristes.

Un peu plus d’une semaine après que je me mette à écrire cette article (paye ta panne créative), je suis parti loiiiiin du Kerala avec l’ami Max, mon allemand préféré. Un objectif en tête : le Taj Mahal, l’une des sept merveilles du monde qui nous tendait les bras depuis notre arrivée dans le pays du curry. Et puis d’autres trucs aussi. Accessoirement.
Donc, nous prîmes l’avion le mercredi matin. Pas moins de 6 heures passées dans le véhicule avant de nous poser à Delhi, d’où nous prîmes le métro (qui est, il faut l’avouer, super clean), puis le tram, puis le train. Ce fut déjà un premier aperçu de cette ville et d’une différence fondamentale avec le Kerala : on pensait que c’était le foutoir dans le Sud. Quelle innocence.
Delhi, la capitale du pays, est, je pense, le bordel le plus inimaginable qu’il m’ait été donné de voir, pour de nombreuses raisons. D’abord, y’a des vaches ENORMES partout dans la ville, des chiens errants à chaque coin de rue et des gens par dizaines au mètre carré. Le vacarme de la ville est assourdissant : ça crie de partout, les klaxons ne s’arrêtent jamais de brailler, bref, un bon gros souk. Le code de la route, le fameux, se fait littéralement pisser dessus à grandes eaux : pour vous donner un exemple, on était à 6 dans un touk touk. Je rappelle qu’un touk touk, c’est une demie Twingo hein. Delhi est aussi la ville la plus polluée au monde, juste devant Pékin. Et là, je tiens à vous le dire, la pollution, on la ressent dans notre corps : sans parler du brouillard de pollution qui enveloppe constamment la ville, l’air souillé vous fait mal à la gorge. Il est difficile de respirer dans cette atmosphère, et je revois Max tousser sans arrêt alors que nous étions dans les rues.
L’endroit est également d’une pauvreté primaire : le nombre de personnes vivant littéralement dans la rue est hallucinant, les gens vous harcèlent pour obtenir de vous quelques roupies. J’imagine que nos bonnes têtes de touristes n’ont pas aidé !
Nous avons donc quitté Delhi rapidement pour rejoindre Agra, ville du Taj Mahal.

Et le Taj Mahal c’est juste… Wow. Je vous passerai le ticket d’entrée littéralement 20 fois plus cher pour les étrangers que pour les indiens (1000 rupees contre 40, no joke), pour m’arrêter un instant sur la beauté de ce monument. Le Taj Mahal est impressionnant. C’est une perle au milieu de la fange : tout le paradoxe se trouve là. Agra est une ville extrêmement pauvre, sale, laide. L’odeur des ordures et de l’urine vous agresse constamment, les gens ne sont pas agréables et ne cessent de tenter de vous plumer. La vie est chère pour ne rien arranger.
Mais le Taj Mahal vous fait alors relativiser. J’avais rarement été autant soufflé par la majesté d’un monument. C’est chose faite, car toute l’architecture est faite pour bluffer vos yeux. Les photos ne rendent pas hommage à l’incroyable construction. Et ce n’est pas le bâtiment en soi qui est incroyable, mais tout le cadre, l’environnement qui l’entoure. Ce tout crée une sensation de gigantisme unique : je n’ai cessé d’être bluffé du début à la fin.
Après Agra, nous sommes partis pour Jaipur, à sept heures de train. Comptez-en plus quatre heures de retard à attendre dans la gare idyllique d’Agra, et vous aurez notre niveau de fatigue en arrivant à la ville rose (non, c’est pas Toulouse) à 3 heures du matin. Et cela, sans compter que nous nous étions levés à 5 heures la veille pour voir le Taj Mahal. Nous dormîmes donc grassement le lendemain, avant de nous lancer dans la visiter de Jaipur.

Au contraire d’Agra, Jaipur n’est pas centrée autour d’un seul monument extraordinaire : en fait, la ville est littéralement un monument. Les commerces et habitations sont construits dans le même style architectural et avec la même pierre rouge que les temples hindous (d’où le nom de ville rose !). De fait, on ne sait plus vraiment ce qui se visite ou pas, et il nous est fréquemment arrivé de nous perdre dans les ruelles ! Toujours est-il que cet endroit est magnifique, et les gens bien plus sympathiques qu’à l’étape précédente : un cordonnier adorable nous a conseillé un restaurant végétarien pas cher pour le déjeuner, et je crois que, jusqu’à présent, je n’avais jamais aussi bien mangé en Inde. La diversité des saveurs du tali qu’on m’a servi ce jour-là reste gravé dans ma mémoire comme une expérience culinaire à part (oui je suis ému par de la bouffe).
Après quelques bières sur le toit de notre hôtel surmontant la ville, nous quittâmes Jaipur pour retourner à Delhi : Max devait en effet rentrer à l’université pour travailler (ouaip, je cherche pas à comprendre). Pour ma part, une nouvelle aventure devait commencer.
Accueillons maintenant un nouveau protagoniste. Pour les étudiants de l’IESEG qui me suivent, vous avez dû entendre parler de cet animal sauvage. Le poil roux de cet inénarrable individu brille comme les feux de l’enfer, et sa fourberie sans limite le conduit à, je cite : « baiser le game en toutes circonstances ».
Mesdames, messieurs, je vous demande d’accueillir chaleureusement Arthur Berthault, fils incarné de Satan sur cette terre, en césure pour bosser à Delhi et qui m’accueillera une nuit chez lui, dans le cœur de la ville.

Honnêtement, retrouver cette espèce d’incorrigible truand m’a fait un bien fou : sa répartie m’avait manqué, tout comme sa motivation et ce fameux sourire qui annonce qu’une connerie va être faite sous peu. L’ami Berthault vit dans une collocation avec deux américano-indiennes, trahies par leur accent américain à souhait. L’appart, situé au Sud de Delhi, est vraiment sympathique : je ne m’attendais pas à trouver de si jolis logements dans un tel endroit. Et c’est à partir de ce moment que je me suis véritablement mis à apprécier la cité à sa juste valeur : avec Arthur, habitué de ce foutoir sans nom, tout me paraissait plus simple, plus naturel. Des marchés touristiques au souk local, des touristes à l’affluence indienne, de son refuge tranquille aux commerces de rues, j’ai passé une journée haute en couleurs, qui se termina logiquement par un bon repas bien épicé et de bonnes bières, à parler du bon vieux temps.
Le lendemain vint pour moi l’heure de retourner dans le Kerala où j’étudiais. Je dois l’avouer, néanmoins, bien qu’un peu triste, je rêvais de retrouver le calme de l’université pour passer une vraie nuit de plus de huit heures.
On oubliera que j’ai failli manquer mon avion à 10 minutes près à cause de soucis dans le métro, que j’ai oublié mon ordi dans ce même avion et que j’ai payé une bière pour 8 euros dans l’aéroport de Mumbai : au final, ça faisait aussi partie des charmes du voyages.
Ce pays est kiffant.
La bise,
Clem
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