Les raquettes de ping pong
- clmoreux
- 7 oct. 2016
- 4 min de lecture
Ne fuyez pas, je vous en prie, restez. Je vois la tête que vous avez fait en lisant le titre de cet article. Vous vous dites surement : « le type fait 10 000 kilomètres pour parler de ping pong » ou encore « ça pue l’article pourri à parler pour ne rien dire ».
Vous n’avez que partiellement raison.
Partiellement, car pour l’instant nous n’avons pas encore vu l’ombre d’une raquette de tennis de table. Néanmoins, on a cherché, et je vous en parle maintenant.
Un reportage signé Clément Moreux, pour NRJ12, chaîne culturelle des temps modernes.
Il est 15 heures, nous sommes le jeudi 29 septembre 2016. Je suis debout depuis moins d’une heure, après une longue nuit de sommeil profond (pour ceux qui n’étaient pas encore sûrs, oui, je m’étais mis une caisse la veille). Après tout, pourquoi pas ! La très grande majorité des cours de la semaine ont été annulés, autant en profiter.

La veille, nous avons, avec l’amie Chiara, tenté de jouer au ping pong dans l’une des nombreuses salles mises à disposition par l’école. Manque de chance, si plusieurs tables sont en accès continu pour tous à toute heure, les raquettes, elles, semblent avoir disparu depuis quelques jours. Un problème majeur. Nous nous rendîmes donc à la réception pour savoir où elles étaient, et, bingo, les gens travaillant là les avaient.
Mais ne voulaient pas nous les donner, sans nous expliquer pourquoi. Lorsque je leur pose la question, ils me regardent en secouant la tête comme eux seuls savent le faire. Ah. Ça commence, on repart dans un délire administratif à l’indienne : d’ailleurs, ils nous disent d’aller au bureau de l’international, fermé à cette heure. Le début d’une quête. Par sécurité, on aura quand même été dans toutes les salles de ping pong de l’école pour un même résultat.
Nous nous retrouvons donc à 15 heures, le jour suivant, lendemain de cuite. Chiara m’a convoqué pour que nous nous lancions à la recherche des raquettes perdues. Comme indiqué par les hommes de la réception, mais sans trop d’espoir néanmoins, nous nous rendons au bureau de l’international. Une demoiselle sympathique nous y accueille et ne comprend (évidemment) pas pourquoi nous sommes ici pour une affaire de raquettes de ping pong. Dans le doute, elle nous recommande d’aller au bureau des étudiants, sait-on jamais.
Nous allons donc au fameux bureau des étudiants, où nous rencontrons un monsieur souriant. C’est agréable, les gens qui sourient. Sauf quand c’est d’un air condescendant en secouant la tête, mais là ce n’était pas le cas, alors on s’arrête un instant et on profite, s’il vous plait.
Ce monsieur nous conseille d’abord d’aller à la salle de ping pong des hôtels où dorment les étudiants indiens. Mauvaise idée : nous y sommes allés la veille, nous connaissons la vérité. Il n’y a pas de matériel là-bas. Suite à cela, il nous enverra donc au bureau MDP, à défaut de pouvoir nous fournir en raquettes.
Trois couloirs et quatre escaliers plus loin, le bureau MDP nous tend les bras. Déjà, avant d’entrer, on sent le traquenard. C’est un bureau administratif tout ce qu’il y a de plus classique. On le voit donc venir, ils n’auront pas de raquettes à nous prêter. Dans le doute, nous entrons tout de même et interrogeons les autochtones. Le responsable, j’imagine, fera semblant de passer un coup de téléphone et nous dit de nous adresser au bureau des étudiants.

Manque de chance pour lui, nous revenons de ce bureau, où nos recherches ont été infructueuses. A ce stade, Chiara commençait à perdre son calme (pourtant légendaire) et à parler italien. Je discernais, entre autres, un « vafenculo » à ne pas piquer des hannetons. Cette expression me fait toujours autant rire, je dois l’avouer.
Le monsieur du bureau MDP nous explique alors que les tables de ping pong de notre bâtiment sont réservées aux clients de l’hôtel. Bon, on omettra que nous payons également des chambres dans ce même hôtel, je pense que ce n’est pas la peine de trop débattre dessus : on lui répond simplement qu’on s’en fout de la salle dans laquelle on joue, du moment qu’on a de quoi jouer. Là, je crois qu’on le saoule, qu’il a autre chose à faire de sa journée, et il trouve une excuse un peu bidon pour nous envoyer chier.
On sort du bureau, on rage un peu, et, ne sachant pas quoi faire d’autres, nous nous lançons dans un tour intégral du campus pour, peut-être, trouver la salle de ping pong oubliée avec des raquettes disponibles.
En vain, bien évidemment.
Notre petit tour administratif se terminera à 16h30. Chiara, épuisée, n’aligne plus deux mots d’anglais et se contente de lâcher des noms d’oiseaux dans sa langue natale. Pour ma part, un sentiment de désarroi me prend, mais, dans un élan de courage, je prends mes responsabilités à demain et entreprend de regarder sur Amazon si on ne sait pas acheter quelques raquettes.
L’échec nous laisse néanmoins la bouche sèche.
Instant émotion.
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